En janvier 2025, Dr Guy Gweth publie Puissance 237, une feuille de route stratégique pour le Cameroun jusqu’en 2050. Neuf mois plus tard, douze candidats s’affrontent pour l’élection présidentielle. Ont-ils intégré cette vision dans leurs programmes ? La rédaction de Puissance 237 décrypte, candidat par candidat, l’influence de cet ouvrage à travers la grille du Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) : hard, soft et smart power. Aujourd’hui : Issa Tchiroma Bakary, candidat du Rassemblement pour la République (RPR), et son Manifeste de Transition.
Alignement stratégique : défense et stabilité
Le Manifeste de Transition se présente comme une feuille de route pour un renouveau durable structuré autour de six axes prioritaires, dont une partie significative trouve un écho direct dans les conclusions de Puissance 237. Sur le plan politique et sécuritaire, le programme du RPR préconise un dialogue national inclusif et une réforme en profondeur de l’institution militaire. Cette orientation résonne avec le Chapitre XVI de l’ouvrage, qui affirme explicitement que « l’armée, en tant que garant de la sécurité nationale et de l’intégrité territoriale, joue un rôle crucial dans la construction d’une puissance ». Le Manifeste intègre ainsi la vision stratégique de Puissance 237 en cherchant à transformer les forces armées en un moteur de développement économique et industriel, par une approche qui combine explicitement les trois dimensions du pouvoir stratégique : hard power (capacité militaire), soft power (dialogue inclusif) et smart power (implication des acteurs non étatiques comme les entreprises, universités et médias).
Convergence des piliers économiques
L’ambition économique du Manifeste de Transition s’articule autour de la création des fondations d’une économie industrielle et digitale. Les propositions clés incluent la réforme de la fiscalité, l’établissement de zones économiques spéciales (ZES), ainsi que des investissements ciblés dans l’agriculture, l’énergie et l’industrie locale. Ces objectifs se recoupent avec les quatre piliers fondamentaux identifiés par Puissance 237 comme essentiels pour asseoir la puissance nationale : la mobilisation des ressources internes, la stimulation de l’innovation technologique, et la promotion d’une croissance économique forte et durable. L’accent mis sur la transition vers une économie productive et numérisée témoigne d’une appropriation des thèses de l’étude concernant l’importance de la souveraineté économique et de l’intégration technologique.
Capital humain et cohésion nationale
Dans sa dimension sociale et humaine, le programme d’Issa Tchiroma Bakary avance des mesures telles que la gratuité de l’éducation jusqu’au niveau secondaire, l’instauration d’une couverture santé universelle et la promotion active de la cohésion nationale. Ces propositions sont en droite ligne avec la vision multidimensionnelle de Puissance 237. L’ouvrage met en lumière le capital humain, le patriotisme et la mobilisation citoyenne comme des leviers de puissance fondamentaux et non négociables pour garantir la pérennité de la nation. L’intégration de ces aspects sociaux dans la définition de la puissance nationale confirme que les principes développés par l’étude ont inspiré l’élaboration de la plateforme du RPR.
En conclusion, l’analyse comparative révèle que le Manifeste de Transition du candidat Issa Tchiroma Bakary présente une forte corrélation thématique et structurelle avec les thèses de Puissance 237. Le programme démontre une intégration marquée des concepts de puissance stratégique, allant de la réforme sécuritaire à l’investissement dans le capital humain, confirmant l’impact tangible de l’ouvrage sur la formulation des politiques de développement stratégique au Cameroun.
La Rédaction