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Dr Guy GWETH : « la veille, l’intelligence économique sont essentielles à toute stratégie de puissance »

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  • Post category:Actualité

Guy Gweth, docteur ès Affaires publiques, spécialiste de l’intelligence économique et stratégique. Ancien de l’Ecole de guerre économique de Paris, il dirige le Programme Doing Business in Africa à Centrale Supélecil est le pilote de la Consultation nationale inclusive Puissance237. répond aux questions de  Camer.be afin de donner à comprendre l’intelligence économique et le programme du CAVIE de consultation nationale.

Depuis le mois de janvier 2024, vous avez entrepris avec des acteurs du développement économique un programme consultation nationale inclusive qui couvrira à terme 37 ministères et les organisations de la société civile sous le fil d’Ariane « construire la stratégie de puissance du Cameroun 2025- 2035 ». Concernant la stratégie de commerce menée il y a quelques jours, comment peut-on définir l’intérêt et l’importance d’une telle plateforme dans une économie camerounaise actuelle marquée par une inflation qui devient structurelle ?

Puissance237 ou la stratégie de puissance régionale du Cameroun est importante à plus d’un titre. Pour ne prendre que le cas du commerce qui nous a réunis ces derniers jours, Puissance237 vise notamment à réduire notre dépendance vis-à-vis des marchés étrangers, à diversifier notre économie, à accroître notre pouvoir de négociation, à renforcer la sécurité nationale et à améliorer l’image du Cameroun. La lutte contre l’inflation structurelle est certes un défi majeur pour notre pays, mais il est possible de construire une stratégie de puissance régionale dans un tel contexte. D’ailleurs, à ce stade de la Consultation nationale, les analyses du Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) montrent que la lutte contre l’inflation structurelle passe par l’adoption de mesures concrètes et innovantes pour réduire les déficits budgétaires, augmenter la production agricole, améliorer la compétitivité des entreprises locales, investir dans le développement de ses infrastructures et du capital humain local en vue de stimuler la croissance économique et doper la création d’emplois. Preuve, s’il en était besoin que la construction d’une stratégie de puissance régionale doit être un processus participatif et inclusif, le CAVIE consulte toutes les parties prenantes, secteur privé et monde associatif compris. Enfin, précisons, pour toutes fins utiles, que Puissance237 est un projet long qui se donne jusqu’en 2035 pour hisser le Cameroun sur le toit de l’Afrique avec l’idée qu’à défaut d’atteindre la lune, le pays retombera au moins sur les étoiles.

Pour le démarrage du programme, vous avez convié la presse le 16 janvier dernier au siège du CAVIE pour définir les perspectives d’influence au niveau africain. Quel regard portez-vous aus entreprises de presse surtout privées actuelles au Cameroun que l’on dit être précarisées ?

Si vous voulez les premiers constats établis par cette Consultation nationale au niveau des médias, je vous répondrai sans ambages que la presse camerounaise est confrontée à de nombreux défis, dont l’un des principaux est la précarité à laquelle vous faites référence. Elle constitue un problème majeur qui affecte l’indépendance et la qualité de l’information diffusée. Ensuite, il y a le manque de liberté et de professionnalisme. Le manque de professionnalisme se traduit par des insuffisances dans la formation des journalistes, un déficit de rigueur dans le traitement de l’information et une absence de vérification systématique des faits que l’on présente aux lecteurs. Il faut y ajouter l’ingérence politique qui limite la liberté de la presse et le droit à l’information. Tout cela fait que nos médias ne jouent pas encore pleinement leur rôle de quatrième pouvoir et de contre-pouvoir. Or pour être une puissance régionale, il faut une presse en phase avec la volonté de puissance.
Au-delà de ces constats alarmants, force est de constater que, de manière générale, le Cameroun dispose de nombreux journalistes talentueux, consciencieux et courageux qui font un travail important d’information et de sensibilisation au quotidien. C’est eux qui font de notre presse un acteur important de la démocratie et un levier de puissance pour le Cameroun.

Est-ce que la question de la veille et de l’intelligence économique passera forcément par cette stratégie de puissance régionale au Cameroun ? 

Sachez que face à l’exacerbation de la compétition dans l’ordre international, la veille et l’intelligence économique (IE) sont aussi bien des armes de survie que de puissance. Elles aident à comprendre rapidement l’environnement national et international, à identifier les menaces et opportunités, à anticiper les changements et les crises. L’IE aide à déterminer les priorités et les actions à mener pour accroître la compétitivité du Cameroun, à mettre en œuvre des politiques publiques efficaces et à protéger les intérêts de notre pays. Bien qu’il ne dispose pas encore d’une politique publique claire en matière de veille et d’intelligence économique, le Cameroun héberge tout de même le Centre africain de veille et d’intelligence économique. Le pays bénéficie de son expertise, par exemple, pour la construction de Puissance237. Pour autant, il reste encore beaucoup à faire. Le Cameroun doit renforcer ses capacités de collecte et d’analyse de l’information économique, développer une culture de l’IE au sein des administrations publiques et des entreprises et mettre en place un dispositif national de veille et d’intelligence économique et stratégique. En clair, la veille et l’intelligence économique sont des outils incontournables pour la construction d’une stratégie de puissance au Cameroun. Et parce qu’elles précèdent la puissance, une stratégie dédiée ne peut que favoriser une meilleure insertion de la veille et de l’intelligence économique dans le débat public, les politiques publiques, le dialogue public-privé et l’éducation…

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