Doctorant en médecine, Adolphe Mpacko dirige Boussoles Technologies. Cette entreprise qu’il a créée il y a quelques mois conçoit « des prothèses de la seconde chance » pour les personnes amputées.
Sixième d’une fratrie de sept, le futur médecin a hérité du cocon familial la capacité à prêter une attention particulière aux souffrances des autres. Il parle de ses parents comme des personnes « très présentes, mais surtout soucieuses de leur garantir (ses frères et lui) tout ce qui était indispensable à leur bonheur ». Il y a aussi tiré sa discrétion.
Boussoles Technologies serait d’ailleurs parti d’un séjour effectué au Centre national de réhabilitation des personnes handicapées Cardinal Paul Émile Leger. Cette institution, basée à d’Etoug-Ebe à Yaoundé, est chargée de la réhabilitation et de réinsertion socioéconomique et professionnelle des personnes en situation de handicap. Adolphe, étudiant à la faculté de médecine, y est admis comme stagiaire.
Il se familiarise avec les patients, découvre leurs plaintes, prend à cœur leurs peines et médite sur d’éventuelles solutions. Simple stagiaire, le jeune homme se contente de leur administrer les soins élémentaires requis et exprime de l’empathie pour les cas les plus précaires.
Lors de ses multiples séjours dans des hôpitaux, son attention est par ailleurs attirée par « des chiffres extraordinaires en termes d’amputation de membres ». Ces chiffres le choquent encore un peu plus lorsque son esprit avenant constate « que l’appareillage des patients ne suit pas » indique-t-il.
Adolphe conclut alors qu’il existe « un véritable problème » à résoudre autour de « l’appareillage des personnes amputées au Cameroun ». Impliqué dans les initiatives entrepreneuriales, il commence à rêver de Boussoles Technologies. Lors de ses différents stages, l’idée d’imprimer des prothèses 3D, très précises et fonctionnelles, pour remplacer leurs membres perdus, se clarifie.
Son rôle, au-delà de celui de promoteur, consiste à évaluer les paramètres cliniques permettant de déterminer si le patient a besoin d’une prothèse ou pas. Pour ce faire, ses compétences en médecine sont requises. La conception de la prothèse, quant à elle, n’est pas de sa compétence. « Elle est faite par un collaborateur qui combine les compétences d’ortho-prothèse et de design numérique », fait-il savoir.
Aujourd’hui, Boussoles Technologies, donc le siège social se trouve Nkolbisson et les ateliers à Tropicana à Yaoundé, est enregistrée sous le régime juridique d’établissement. Son régime juridique est néanmoins toujours en mutation.
Pour l’instant, l’entreprise veut dans un premier temps maîtriser tous les contours de son métier. Mais à ce jour, la startup dit avoir déjà fabriqué quatre prothèses. Les commandes sont de plus en plus fréquentes et Adolphe trouve que le rythme actuel satisfaisant.
L’entreprise a été retenue dans un programme d’accompagnement piloté par l’Agence universitaire de la francophonie (direction Afrique centrale et Grands lacs). À l’issue de cette période d’incubation, elle pourrait accroître son savoir-faire.
Cependant, dans un contexte marqué par la pandémie liée à la covid-19, Boussoles Technologies, pionnier de l’impression 3D à usage médical, a amorcé la production de visières de protection. Ces équipements produits par impression 3D permettent de limiter les risques de contamination chez ceux qui les portent.
La rédaction